Prendre au pied de la lettre l’article L1234-1 du Code du travail, ce n’est pas collectionner des références pour briller en soirée. C’est, très concrètement, comprendre ce qui attend toute personne confrontée à un licenciement. Les lignes qui suivent ne s’adressent pas aux seuls experts juridiques, mais à celles et ceux qui, un jour, pourraient se retrouver à la croisée des chemins professionnels.
Article L1234-1 du Code du travail : ce que prévoit la loi sur le préavis de licenciement
Mise en vigueur depuis le 1er mai 2008, la disposition L1234-1 n’est pas tombée du ciel. Elle s’inscrit dans une architecture précise du Code du travail :
- Code du travail
- Partie législative
- Première partie : Les relations individuelles de travail
- Livre II : Le contrat de travail
- Titre III : Rupture du contrat de travail à durée indéterminée (Articles L1231-1 à L1238-5)
- Chapitre IV : Conséquences du licenciement
- Section 1 : Préavis et indemnité de licenciement
- Sous-section 1 : Préavis et indemnité compensatrice de préavis
Ce texte impose une règle simple : lorsqu’un licenciement survient, la rupture du contrat ne prend pas effet sur-le-champ. L’employeur doit accorder un délai de préavis, période pendant laquelle le salarié poursuit normalement sa mission dans l’entreprise.
En clair, le préavis correspond au laps de temps compris entre la première présentation de la lettre recommandée informant le salarié de son licenciement et la date effective de fin de son contrat.
Licenciement : comment le préavis s’adapte à l’ancienneté
L’article L1234-1 pose un principe : sauf en cas de faute grave, le préavis est la règle. Mais sa durée varie selon l’ancienneté du salarié. Voici comment elle se décline dans la pratique :
Pour une ancienneté de moins de 6 mois
Lorsque la période de services continus n’atteint pas six mois chez le même employeur, la durée du préavis est fixée par la loi. Mais ce n’est pas la seule source possible : une convention collective ou un accord, voire les usages locaux ou professionnels, peuvent également statuer sur ce délai.
Pour une ancienneté comprise entre 6 mois et moins de 2 ans
Dans le cas d’un salarié justifiant d’une ancienneté continue comprise entre six mois et moins de deux ans, la règle générale accorde un mois de préavis. Attention cependant : si la loi, la convention collective, le contrat de travail ou les usages prévoient un préavis plus long ou une condition d’ancienneté plus favorable, c’est ce texte qui s’applique.
Pour une ancienneté de 2 ans ou plus
Au-delà de deux ans de présence, le salarié bénéficie de deux mois de préavis, sauf si un texte (loi, convention, contrat, usages) prévoit une durée supérieure ou des conditions plus avantageuses. Rien n’empêche donc un accord collectif de fixer un préavis de trois mois, par exemple, au bénéfice du salarié.
Licenciement abusif : ce que l’article L1234-1 change pour le salarié
Un licenciement qui ne respecte pas les dispositions de l’article L1234-1 s’expose à de lourdes conséquences pour l’employeur. Ce type de rupture peut être qualifié d’abusive dès lors que les règles encadrant le préavis ou la justification de la rupture ne sont pas respectées.
Pour un salarié victime d’une telle situation, agir rapidement est fondamental. Plusieurs recours existent pour faire valoir ses droits : saisir le conseil de prud’hommes, solliciter l’inspection du travail, demander conseil à un représentant syndical, etc.
En cas de licenciement injustifié sans motif réel et sérieux, l’employeur s’expose à devoir verser diverses indemnités. Le montant de ces compensations dépend de plusieurs critères comme l’ancienneté, la rémunération ou encore les dommages subis par le salarié. La justice examine cas par cas et tient compte de la situation concrète de chacun.
Autre possibilité : la réintégration dans l’entreprise. Si le juge constate un écart manifeste entre les motifs invoqués et la réalité, ou en l’absence de cause objective, il peut ordonner que le salarié retrouve son poste, assorti d’une compensation financière pour le préjudice subi.
Respecter l’article L1234-1, ce n’est pas cocher une case administrative. C’est garantir une sortie digne, sécurisée, sans heurts inutiles ni litiges prolongés.
Licenciement collectif : les dérogations à l’article L1234-1
La règle du préavis connaît des exceptions, surtout lors de licenciements collectifs motivés par des difficultés économiques. Dans ces situations, l’employeur doit :
- Informer les représentants du personnel de la situation financière de l’entreprise et des mesures envisagées
- Transmettre à l’administration compétente tous les éléments sur la situation et les perspectives d’emploi
- Mettre en place un plan social pour accompagner les salariés concernés
Si toutes ces démarches sont respectées et qu’aucune clause du contrat ne prévoit de protection particulière, l’indemnisation des salariés concernés peut ne pas être automatique. D’où l’intérêt de bien lire les conditions de son contrat de travail avant de s’engager, notamment en période de turbulences économiques.
Dans certains cas, notamment pour les cadres dirigeants, la loi n’impose pas l’obligation d’informer individuellement chaque personne concernée par une vague de licenciement collectif.
Le droit international prévoit aussi des exceptions : lors de crises économiques majeures, l’administration peut autoriser une entreprise à procéder à des ruptures collectives sans respecter le préavis habituel.
Comprendre les subtilités et les exceptions de l’article L1234-1, c’est anticiper ce qui pourrait advenir dans des périodes de transition. Mieux vaut ne pas découvrir ces règles le jour où la lettre recommandée arrive.


